Comment transformer un quartier hautement fréquenté et classé aux monuments historiques en un espace piétonnier convivial et respectueux de l’environnement ? Antoine Deneuville, responsable des opérations au Service des Espaces Publics de la Ville d’Annecy, nous présente ce projet « Nature en Ville ».
Mobilité durable et vivre ensemble : une approche inclusive de l'espace public
Avec ses façades blanches des années 30, la « poche du lac » est un quartier classé aux monuments historiques, jusqu’alors embouteillé par des files incessantes de voitures qui cherchaient à se garer pour accéder à la vieille ville d’Annecy.
Préfigurant une aire piétonne, ce nouvel aménagement génère un apaisement du quartier pour les riverains, les commerçants et les touristes tout en le rendant plus convivial et attractif commercialement. L’objectif est de réduire les nuisances sonores ainsi que la pollution en encourageant l’adoption de moyens de mobilités douces telles que la marche ou le vélo, sur de larges voies de circulation. Cet aménagement accorde également aux personnes à mobilités réduites, aux personnes âgées ainsi qu’aux poussettes un espace de déambulation plus spacieux.
La consultation publique engagée avec les commerçants et les habitants a duré 2 ans. Le but était de rassurer les premiers sur le maintien de la fréquentation de leurs boutiques et les seconds sur les accès à leurs logements.
Une végétalisation complète du quartier aurait impliqué de lourds travaux accompagnés de coûts et de délais importants. Le choix s’est donc porté sur un aménagement transitoire. « Les surfaces enrobées ont été désimperméabilisées pour créer des îlots de fraîcheur avec des arbres, des arbustes et des plantes vivaces », précise Antoine Deneuville. Les espaces naturels déjà existants ont également été valorisés. Par exemple, le square chapuisien, auparavant encombré de détritus, s’est transformé en un îlot de nature préservée, délimité par une clôture en bois.
L’équipe en charge des travaux a relevé d’autres défis dont la découverte d’anciens réseaux souterrains capricieux. Un architecte des bâtiments de France a validé les aménagements et les mobiliers. Enfin, un archéologue a été mandaté sur la zone des travaux, pour présomption de présence de vestiges antiques. D’ailleurs certaines reliques ont été trouvées !
PIC BOIS, un acteur clé pour les projets d'aménagements urbains
PIC BOIS a été mandaté pour réaliser les mobiliers en bois et en acier qui agrémentent ces trois rues devenues piétonnes.
« La robustesse des mobiliers proposés et les fiches techniques qui les accompagnaient ont tout de suite rassuré les élus, tout comme la présence d’un bureau d’études en interne. Le côté concepteur et fabricant de mobiliers est une force […] comparé aux autres prestataires qui n’étaient souvent que fabricants et faisaient sous-traiter la partie conception sur-mesure, avec les problèmes que cela peut engendrer », explique Antoine Deneuville.
Même si cela semblait risqué dans ce quartier très bétonné, la mairie désirait renforcer le côté végétal avec des mobiliers fabriqués à partir de bois locaux. PIC BOIS a donc choisi des structures en mélèze provenant de forêts du Jura gérées durablement. Cette proposition respectueuse de l’environnement a immédiatement séduit la municipalité annécienne.
Le fabricant a dû adapter certains mobiliers ou leur ajouter des pieds réglables pour les fixer directement sur l’enrobé. En effet, s’agissant d’un aménagement transitoire, il n’y a pas eu de reprise de voirie, en dehors de la désimperméabilisation de certains espaces, le sol n’était donc pas toujours plane et de niveau.
Des mobiliers urbains qui améliorent la qualité de vie des citadins
Pour apporter de la convivialité à cet espace piétonnier, la municipalité voulait des mobiliers de confort fonctionnels qui invitent les passants à traverser la rue et à s’installer un moment.
A cet effet, des bancs, des tables de pique-nique avec plateau de jeu et des transats ont été installés. Une pergola, assise agrémentée de son propre ombrage, ainsi qu’une estrade avec boîtes à livres intégrées invitent le public à profiter du lieu et ont tout de suite eu du succès auprès des passants !
« La véritable réussite est de voir les usagers s’approprier la rue et les mobiliers. Cela va se renforcer avec l’arrivée de la période touristique » se réjouit Antoine Deneuville.
Démontables et réemployables, les structures pourront être déplacées si la commune souhaite remodeler l’agencement du quartier.
« Il n’y a que des bons retours sur les mobiliers qui apportent autre chose que du béton et qui s’allient bien à la végétation ! »
Les riverains, les touristes et les commerçants, peuvent désormais profiter d’un quartier apaisé, loin du bruit et de la pollution, entre lac et centre historique !